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Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale[1]
Et Pluton…


et Pluton est le voisin de Tithon dans les stances comme dans les vers latins, se montrant de la même façon inexorable et insensible aux larmes des Romains et du président de Verdun[2]. Il arrive même à Malherbe de mentionner plus explicitement que le spirituel épicurien les controverses mythologiques : alors que ce dernier faisait une allusion discrète et ironique aux versions nouvelles qui admettaient la résurrection d’Hippolyte[3], le consolateur du président de Verdun dit :

Et quoi qu’on lise d’Hippolyte,
Ce qu’une fois il tient jamais il ne le rend[4].

Il conçoit l’autre vie aussi d’après les modèles latins, et s’il ne parle pas autant que Ronsard « des flots du lac oblivieux[5] », et s’il trouve que le Léthé est une pédanterie chez Desportes, il ne se lasse pas de nectar et d’ambroisie. C’était une image d’écolier, et Malherbe était à peine sorti des classes quand, traduisant en vers français l’épitaphe latine de Geneviève Rouxel, il rendait caeli dulcedine capta par « affriandée au nectar doucereux[6] »,

  1. Malh., I, 40.
  2. Malh., I, 40 et 269. Panthoïden iterum Orco demissum (Hor., Odes, I, XXVIII, 10) ; illacrymabilem Plutona (Odes, II, XIV, 6-7), victima nil miserantis Orci (Odes, II, III, 24) ; Orcus non exorabilis auro (Épîtres, II, IV, 178-179).
  3. Infernis neque tenebris Diana pudicum
    Liberat Hippolytum.

    (Hor., Odes, I, IV, VII, 25 et 26).
  4. Malh., I, 270.
  5. Ronsard, II, 153. Cf. « las aguas del olvido » chez les poètes espagnols (Don Quichote, 2e  p., chap. LXIX).
  6. Gasté, o. c., p. 35.