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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/138

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Malherbe, dans les Métamorphoses, ne prend que les récits mythologiques, et il les répète à satiété : « oiseaux de Phinée[1] », Alcyone — dont il se souvient, qu’il s’agisse de Geneviève Rouxel[2] ou du mari de Caritée[3], — transformation des dieux « en bergers, bêtes et Satyres[4] », toute la mythologie y passe, sans qu’on y voie un trait plus heureux que n’en avait eu ce « vieux poète françois » dont Malherbe ne trouvait à rappeler que les chevilles[5].

Outre l’auteur de tant de récits mythologiques, il y avait en Ovide le poète coulant, comme l’appelait la Défense et illustration de la langue française, et comme l’appelait encore l’Art Poétique de Vauquelin, qui recommandait aussi de le « suivre ». Ronsard avait « cent fois espreuvé les remèdes d’Ovide[6] », et Régnier imitait abondamment le théoricien de l’art d’aimer. Si Malherbe était peu fait pour s’assimiler, comme du Bellay, la grâce élégiaque des Tristes, se trouvait avoir de l’amour une conception analogue à celle de l’Art

  1. Malh., I, 159.
  2. Bourrienne, o. c., p. 195.
  3. Malh., I, 32, v. 7-12.
  4. I, 153.
  5. « Or pour maintenant ne se dit point. Ce mot est la cheville ordinaire des vieux poètes françois ; surtout du Bellay s’en est fort escrimé. » Malh., IV, 463 (Commentaire sur Desportes). On connaît le sonnet de du Bellay où Jason n’était pas sans grâce :

    Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage
    Ou comme cestuy-là qui conquist la toison…

  6. Ronsard, I, 389.