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d’aimer beaucoup plus qu’à celle de Pétrarque dont il prendra si souvent le langage.

Ovides dist que cele est chaste
Que nus ne prie ne ne haste
Et il dist voir, par Nostre Dame[1].


Ainsi disait Gautier de Coinsi ; et la leçon d’Ovide a souvent été répétée en France, depuis Jean de Meung jusqu’à Mathurin Régnier[2].

Malherbe continue cette lignée en parlant, d’après Ovide, de celles qui

en nos obsèques mêmes
Conçoivent de nouveaux désirs[3].


Il lui arrive de parler de l’amour avec les images et les pensées du poète latin. La fameuse « comparaison prise d’une élégie d’Ovide[4] » entre Amour et Mars,

  1. Gautier de Coinsi, L’empereriz de Rome, v. 1339. (Méan, Nouveau recueil de fabliaux, t. II, p. 43). Ovide, Amores, I, viii, v. 43 : Casta est quam nemo rogavit ; Brantôme cite ce vers (Dames galantes, 161) ; la même pensée est exprimée par Régnier, Sat. 13, v. 102 :

    Celle est chaste, sans plus, qui n’en est point priée.

    Elle l’avait été aussi par Boccace (Décamèron, 3e  journée, 9e  nouvelle).

  2. V. notamment, outre le livre de M. Vianey, l’édition de Macette, par les élèves de M. Brunot.
  3. Malh., I, 59 : Funere sæpe viri vir quæritur. (Ars Am., III, 431).
  4. Note de Muret (Ronsard, t. I, p. 100 : Amour et Mars sont presque d’une sorte…)

    Ov., Amores, I, élégie IX : Militat omnis amans, et habet sua castra Cupido.