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En outre, quand il appelle les Muses à la rescousse, il le fait parfois plus longuement que Ronsard[1] et il les décrit d’après l’Apollon de Tibulle[2] :

Venez en robes où l’on voie
Dessus les ouvrages de soie
Les rayons d’or étinceler ;
Et chargez de perles vos têtes,
Comme quand vous allez aux fêtes
Où les Dieux vous font appeler[3]:


c’est pour confondre les ennemis de la reine régente qu’il leur demande de prendre ces atours.

Un autre jour il s’était souvenu de Catulle[4] pour faire au dauphin les promesses de gloire que l’Epithalamium Pelei et Thetidos formulait pour Achille. C’est une idée bien naturelle, en parlant d’un prince, de prophétiser la défaite de ses ennemis, et elle se retrouve chez les plus modernes des poètes français : Alfred de Musset disait encore du fils de Louis-Philippe :

Certes c’eût été beau, le jour où son épée,
Dans le sang étranger lavée et retrempée,
Eût au pays natal ramené la fierté[5].

  1. Ronsard, VII, iii.
  2. Tib., II, V.
  3. Malh., I, 210. Le même passage de Tibulle a été imité par Colletet (Ménage, o. c., p. 382-3).
  4. A. Mennung, Sarasin’s Lehen und Werke, I, p. 26, constate encore la diffusion des poésies de Catulle au xviie siècle ; et les modèles de Maynard sont « Ronsard et Malherbe, Catulle et Martial, et Owen » (P. Lafenestre, Fr. Maynard, Rev. hist. litt. Fr., 1903, p. 459).
  5. Le Treize Juillet XXI (Poésies nouvelles). La pensée et la rime épée-trempée sont déjà dans Malh., I, 92.