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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/180

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Chaque saison y fait son cours ;
En vous seule on trouve qu’il gèle toujours[1].

Ou bien encore la belle est « plus dure qu’un diamant[2] ». Il n’est pas jusqu’à l’Ixion même, dont riait du Bellay, qui ne se retrouve chez Malherbe :

… vous allez faire un second Ixion
Cloué là-bas sur une roue,
Pour avoir trop permis à son affection[3].

L’amant interpelle ses yeux, ses pensers, ses désirs,[4] comme faisait aussi l’Arioste, que Malherbe paraît estimer, comme font les pétrarquistes du XVIe siècle, et comme le fait encore Corneille dans ses moments de préciosité. Enfin, suivant la tradition poétique, toute la nature s’associe au malheur de l’amant, non pas simplement par le fait que celui-ci lui confie, comme dans Le Lac, le souvenir de son amour, mais en prenant énergiquement part elle-même aux démonstrations de douleur : car non seulement les rochers sont invités à quitter leur « demeure »[5], mais encore le fleuve de Seine se

  1. Malh., I, 247.
  2. I, 123.
  3. I, 295.
  4. Ce procédé se trouve chez la plupart des poètes italiens, et notamment, chez l’Arioste, dans la strophe qui précède la fameuse comparaison de la jeune fille à la rose (Orlando furioso, I, st. 41), dont Malherbe se ressent peut-être dans les stances : Complices de ma servitude. Pour Corneille (cf. Marty-Laveaux, Études de langue française, pp. 132 et 133) il suffit de rappeler la tirade d’Émilie dans Cinna :

    Impatients désirs d’une illustre vengeance…

  5. Malh., I, 153. Les rochers sensibles aux peines des hommes étaient d’ailleurs répandus chez tous les poètes, et notamment dans l’Arioste, Orlando furioso, I, str. 40, que Malherbe avait certainement lue, et dont il s’est peut-être souvenu.