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l’espagnol : il donne le parabien à Peiresc[1], et il cite un autre jour le proverbe espagnol que Cervantes met dans la bouche de Sancho Pança[2] : a dineros pagados, brazos quebrados[3]. Il connaissait sans doute de la littérature espagnole ce que les Français en savaient de son temps[4], la Célestine, les Amadis, surtout la Diane de Montemayor, et il connaissait assez ce dernier auteur pour découvrir dans une complainte de Desportes une « imitation de Montemayor »[5] — si toutefois il est bien

  1. id. III, 303. L’article consacré à Malherbe dans les Jugements des savants de Baillet (no 1411) dit : « Enfin Malherbe n’a pas dédaigné même d’imiter les Modernes, parmi lesquels Mr. Colletet (au Discours de l’éloquence et de l’imitation des Anciens, p. 33, 34, à la fin de son Art Poétique, etc.) a remarqué quelques Italiens et quelques Espagnols ». La note de La Monnoye (édit. d’Amsterdam, 1725, t. 4, p. 195) ajoute justement : « Colletet dans l’endroit cité ne nomme aucun auteur Espagnol que Malherbe ait imité »
  2. Cervantes, Don Quichote, 2e  partie, chap. LXXI. Malherbe a certainement lu Don Quichote, et il y a une allusion à la nouvelle du Curieux impertinent (Don Quichote, Ire partie, chapitre XXXIII, nouvelle particulièrement célèbre et publiée notamment à part par César Oudin) dans un mot de Malherbe rapporté dans les Historiettes de Tallemant, t. I, p. 281, note 1.
  3. Malh., III, 351.
  4. Voy. à ce sujet Morel-Fatio, Études sur l’Espagne, t. 1 ; G. Lanson, Études sur les rapports de la littérature française et de la littérature espagnole au XVIIe siècle (Revue d’histoire littéraire de la France, 1896) ; Martinenche, La comedia espagnole en France, p. 301, 302 et suiv. ; Huszar, Corneille et le théâtre espagnol (1903), et surtout l’article que M. Brunetière a consacré à ce livre dans la Revue des Deux Mondes (1903).
  5. Dans la copie B, on lit à la marge, un peu plus bas que le titre : « Imitation de Montemayor » (Malh., éd. Lalanne, IV, 457, no 2). Cette copie B est l’une de celles de la Bibliothèque de l’Arsenal : « les additions proviennent peut-être d’un autre exemplaire pareillement annoté par Malherbe. Il serait encore