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XVIe siècle[1] ; et en relisant Los siete libros de la Diana de George de Montemayor, édition de Venise, 1585, que Malherbe a peut-être eue sous les yeux en Provence, ou d’autres éditions ou traductions de Barcelone ou de Paris, on ne voit vraiment rien qu’il n’eût pu trouver aussi bien dans l’Aminte du Tasse et chez les écrivains italiens, ou même dans ce qui avait passé de littérature espagnole chez Desportes. En 1613, il va voir les comédiens espagnols venus à Paris, et il en rapporte une fâcheuse impression : « Je viens tout à cette heure, écrit-il, de la comédie des Espagnols, qui ont aujourd’hui commencé à jouer à la porte Saint-Germain dans le faubourg ; ils ont fait des merveilles en sottises et en impertinences ; il n’y a eu personne qui ne s’en soit revenu avec mal de tête ; mais, pour une fois, il n’y a point eu de mal de savoir ce que c’est. Je suis de ceux qui s’y sont excellemment ennuyés, et en suis encore si étourdi que je vous jure que je ne sais où je suis ni ce que je fais ![2] ». Il pourrait en dire autant de tout ce qu’il connaît de littérature espagnole : « pour une fois, il n’y a point eu de mal de savoir ce que c’est ». Mais il ne discute pas la poésie espagnole, il ne la juge nulle part ; on sent qu’il n’y a pas encore de « question espagnole » pour les critiques de 1605. À Malherbe s’appliquent très

  1. L. Clément, Antoine de Guevara, ses lecteurs et ses imitateurs français au XVIe siècle (Revue d’histoire littéraire, 1900, p. 590 et suiv.) ; Lanson (Revue d’hist. litt., 1896, p. 53).
  2. Malh., III, 350 (27 octobre 1613) ; Lanson, Revue d’histoire littéraire, 1896, p. 64 ; Malherbe écrit encore (III, 358) : « Les Espagnols ne plaisent à personne : ils jouent au faubourg Saint-Germain, mais ils ne gagnent pas le louage du jeu de paume où ils jouent ». Cf. aussi Rigal, Alexandre Hardy, p. 107, n. 2 : Martinenche, La comedla esp. en Fiance, p. 306.