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parler de Rome[1]. Mais là n’est pas le seul souvenir mythologique par où Malherbe rappelle Ronsard ; et Ménage[2] disait déjà d’un passage de la Consolation au président de Verdun : « Il n’y a personne qui puisse nier que tout cet endroit ne soit pris de l’ode V du IVe livre des Odes de Ronsard » :

Jupiter ne demande
Que des bœufs pour offrande :
Mais son frère Pluton
Nous demande, nous, hommes,
Qui la victime sommes
De son enfer glouton.

Jupiter, ami des mortel,
Ne rejette de ses autels
Ni requêtes ni sacrifices…
Pluton est seul entre les dieux
Dénué d’oreilles et d’yeux
À quiconque le sollicite.
Il dévore sa proie aussitôt qu’il la prend[3].


Mais c’est surtout en parlant des rois et des événements politiques que Malherbe ressemble à Ronsard. Ils ont la même façon de parler de « l’hymne de la victoire » de leur roi[4], de comparer le conquérant au torrent « qui ravage tout ce qu’il trouve » — la comparaison était d’ailleurs aussi dans Claudien, chez les Italiens, et dans la Bradamante de Garnier[5], que Malherbe

  1. Sonnet XII.
  2. O. c., p. 516.
  3. Malh., I, 269.
  4. Malh., I, 317. Ronsard, II, 53.
  5. Bradamante, I, I. Cf. aussi : « Comme un torrent d’Esté qui s’enfle de ruisseaux » de Montchrestien, chœur final d’Aman pris du Psaume CXXIIII (Tragédies, éd. elzév., p. 277).