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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/94

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même dans sa propre douleur, il n’oubliera pas l’inexorable nécessité de notre nature :

Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle,
Je ne l’impute point à l’injure du sort,
Puisque finir, à l’homme est chose naturelle[1].


Il console comme faisait Sénèque, et de même que celui-ci citait à Marcia l’exemple des mères illustres qui avaient perdu leur fils, il cite à Du Périer d’illustres exemples de pères qui ont perdu leurs enfants : Priam[2], François Ier et… Malherbe. Toutes ces idées, du reste, ont tellement fait le tour des littératures qu’il serait futile de chercher d’où elles viennent, si elles n’étaient accompagnées chez notre poète d’autres pensées empruntées aussi à Sénèque : « Ces âges-là sont perdus pour nous : le temps passé jusques à hier est tout évanoui », disait l’Épître XXIV[3] : et le poète dit à son tour :

L’âge s’évanouit en deçà de la barque
Et ne suit point les morts[4].


L’Épître LXIII démontrait que « le pleurer excessif est plutôt marque de vanité, et de vouloir être estimé affligé, que d’une véritable amitié[5] » ; et les Stances à Du Périer paraphrasent ainsi cette pensée :

  1. I, 276.
  2. De même à Caritée qui a perdu son mari il rappelle tous les jeunes maris qui sont morts à la guerre de Troie. Sur « Priam, François Ier et Malherbe », voyez la plaisanterie de Balzac dans son Entretien I.
  3. Malh., II, 360.
  4. Malh., I, 40.
  5. Malh., II, 494.