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princesse de Conti[1] — en une pièce que Malherbe estimait[2] — Bertaut et d’autres pour diverses afflictions, recourent aux mêmes moyens, déjà familiers au XVIe siècle : « les Consolations à la Sénèque revenaient à la mode, et après quinze siècles de christianisme, les banalités développées en vers pompeux et froids étaient imprégnées d’autant de sagesse païenne que les graves dissertations du moraliste[3] ». Malherbe aussi disserta, et il le fit même si longuement et si laborieusement, en 1614, que la princesse de Conti fut frappée d’un nouveau deuil avant que la Consolation[4] fût achevée. De plus, la ressource ordinaire des consolateurs, il l’avait mise au service de la poésie, et il exprimait en vers la nécessité de mourir qui doit ôter la crainte de la mort, et l’inutilité des plaintes qui doit faire cesser nos regrets. La Consolatio ad Marciam[5] lui fournissait la matière de bien des stances : « Si nullis planctibus defuncti revocantur ; si sors immota et in œternum fixa, nulla miseria mutatur et mors tenet quidquid abstulit, desinat dolor qui perit ». C’est ce que Malherbe répétera à Caritée[6] qui a perdu son mari, à Du Périer, au président de Verdun[7] ; et

  1. Ch. Urbain, Nicolas Coeffeteau, p. 252.
  2. Malh., III, 450.
  3. G. Grente, Jean Bertaut, p. 171-172, et p. 211.
  4. Pour cette Consolation, Malherbe avait utilisé Sénèque, et aussi les « consolations » écrites à l’occasion du deuil de la princesse (v. Urbain, p. 251).
  5. Ad Marciam, VI ; la C. ad Marciam a été utilisée par Coeffeteau.
  6. Malh., I, 33-34.
  7. I, 269-271. Le président était remarié quand arriva la pièce de vers qui devait le consoler de son veuvage. Ce n’est pas à dire que Malherbe eût mis trois ans à la faire, comme on l’a prétendu, et comme on le répète encore.