Page:Coupey - Fables originales, 1881.pdf/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
FABLES ORIGINALES

Les gens criaient : Qu’il est joli !
Il est à croquer ce mimi.
Et le chat câliné fut leur petit ami.
Du quatrain retenez mon conseil salutaire
Le désir de briller nuit au talent de plaire.


FABLE XVII.

Le Pouvoir.


Messire le Lion était le potentat
D’un grand État.
Il criait constamment sur les ingratitudes
Des caractères plats des viles multitudes.
À l’entendre le trône était fait de bambous
Semés d’éclats de verre et de pointes de clous.
Ah ! qu’il eût mieux aimé mener à la houlette
Un troupeau d’agneaux blancs paître l’herbe tendrette,
Que conduire au bâton ce peuple d’Iroquois,
Célèbre pour croquer… de temps en temps ses rois…
Le fait est avéré, bien acquis à l’histoire,
Et messire Lion en a gardé mémoire.
Aussi, redoutant fort les révolutions
A-t-il pris en horreur les folles nations.
Un ministre nouveau, d’humeur compatissante.
Eut pitié du monarque à la plainte incessante,
Et lui dit : Majesté ! délaissez là ces gens
Et partez au désert achever vos vieux ans.
Le Lion répondit : renoncer au « Pouvoir »
Paraîtrait aujourd’hui manquer à mon devoir ;