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FABLES ORIGINALES

Quelques cochers tués, sont, pour la concurrence
Quelques rivaux vaincus ; béni soit l’occurence !
Le dernier survivant sans contestation
Du siège disputé prendra possession…
Erreur ! profonde erreur ! dix de morts, quinze arrivent,
Et les ambitieux le battent, l’invectivent.
Lecteur, à ces Phébus, à leur mortel combat,
Reconnais que ce char est celui de l’État !


FABLE II.

Le Berger et le Loup


J’ai quatre-vingts moutons, dix brebis, cinq agneaux,
« Je les embarquerai quelque jour sur les eaux,
« Et traversant les mers, j’irai vendre leur laine
« Aux Anglais qui sauront rémunérer ma peine. »
Colin n’achevait pas… qu’un loup se dit : tout beau !
Avant qu’ils soient vendus j’aurai part à leur peau ;
Sur elle j’ai des droits meilleurs que l’Angleterre,
Ne suis-je pas Français et de père et de mère ?
Le sang se doit au sang ! affamons l’étranger,
Qu’il reste sans habit et sans rien à manger.
Là-dessus sire loup avec patriotisme,
Accomplit bravement un acte d’héroïsme
En emportant moutons, brebis, agneaux, sous bois,
Où leur exquise chair nourrit le franc Gaulois.