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EN CHINE

maison importante a sans cesse affaire avec les mandarins, soit pour des litiges ou des questions de douane, soit pour des commandes officielles. Des Allemands ont les premiers compris l’avantage de parler directement aux Chinois ; il en est qui se sont mis courageusement au travail, malgré des circonstances rebutantes, et qui, parlant la langue, connaissant les hommes, ont pénétré jusqu’auprès des vice-rois : des affaires lucratives, parfois des fortunes édifiées en quelques années, ont récompensé leur initiative. Les yeux se sont déjà ouverts en France sur l’importance économique de la Chine et sur la place qu’y occupent nos concurrents : la Mission lyonnaise dirigée par M. Rocher, puis par M. Brenier, a rapporté des provinces qu’elle a parcourues une moisson de documents dont une partie a été publiée[1] ; ces publications, confirmant et précisant les vues que j’indique, insistent sur la nécessité en Chine de parler chinois. En Angleterre, en Allemagne on arrive aux mêmes conclusions. Ce n’est pas seulement au commerçant, c’est à l’industriel que ces conditions nouvelles s’imposent : la Chine a cessé d’être uniquement le marché du thé et de la soie ; le traité de Simonoséki et le traité de commerce de 1890, dont toutes les Puissances sont appelées à profiter par la clause de la nation la plus favorisée, autorisent les étrangers à élever des manufactures sur le sol chinois ; grâce au bon marché de la main-d’œuvre indigène et à l’incapacité de diriger qui caractérise les Chinois, ce sera une source de profils pour les industriels étrangers, mais ils devront avoir des collaborateurs parlant chinois. Diverses entreprises, anglaises, japonaises, ont été fondées ; il faut que l’industrie française

  1. Chambre de commerce de Lyon, la Mission lyonnaise d’exploration commerciale en Chine, 1895-1897, 1 vol. in-1, avec cartes et planches, Lyon, 1898.