Page:Courant - En Chine, mœurs et institutions, hommes et faits, 1901.djvu/262

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l’anglais ou le pidgin english, n’est-ce pas renoncer provisoirement aux marchés nouveaux qui nous sont ouverts, nous déclarer contents de notre situation présente, ne pas chercher à étendre nos débouchés, laisser la place libre à nos concurrents ? Mais bien plus, ces intermédiaires, toujours coûteux, se trouvent dans une position glissante entre deux chefs de maison, l’un chinois, l’autre étranger, qui sont incapables de se comprendre ; il est facile au comprador de faire ses affaires personnelles aux dépens de l’un et de l’autre, de favoriser l’une des parties, de toucher des deux mains ; dans le sud, on le voit fréquemment entrer, à côté des commerçants chinois et des mandarins, dans les syndicats qui afferment la perception du li-kin, il se trouve ainsi dans une position encore plus fausse, et son honnêteté ne saurait qu’en souffrir. En fait, l’extension du commerce étranger n’a pas de pires ennemis que ces auxiliaires traditionnels. Je ne parle pas de faux pas plus graves, qui sont assez rares et que l’intérêt bien entendu déconseille au comprador. De toutes façons, les négociants étrangers ont avantage à ne pas être livrés pieds et poings liés à des indigènes, si honnêtes soient-ils, à pouvoir les surveiller, saisir une conversation, relire une lettre ou une facture, à entrer en rapports directs avec les mandarins pour les fournitures officielles, avec les marchands ou les producteurs des centres importants ou secondaires de l’intérieur : c’est dire que, sinon les chefs de maison, au moins quelques employés doivent connaître les Chinois, leurs usages et leur langue. L’intelligence de cette situation, l’énergie déployée à acquérir ces notions nécessaires malgré des circonstances rebutantes, ont fait la force et la fortune de quelques négociants allemands.

Faut-il encore énumérer les services que sera capable de