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LES COMMERÇANTS ET LES CORPORATIONS

une certaine limite l’effet de la concurrence et empêche la dépréciation des marchandises, nuisible à toute la corporation. Le public est seul à souffrir de l’existence du minimum, mais il ne parait pas s’en apercevoir, et le gouvernement n’intervient que pour le prix des grains, en fixant un maximum et vendant au besoin les grains tirés de ses greniers. C’est encore la corporation, pour les banques et les monts-de-piété, qui décide le taux des intérêts à payer ou à recevoir, la nature des garanties ou des monnaies à accepter ; en un mot, elle fixe les règles générales des transactions et défend les intérêts communs de tous les associés. Si l’un d’eux est impliqué dans une affaire judiciaire d’intérêt général, la corporation le soutient souvent de son crédit et de ses fonds. Voici un fait qui se présente de temps en temps. Un pauvre diable, n’ayant plus rien à mettre au mont-de-piété, se coupe le doigt, ou telle autre partie du corps, et vient pour l’engager ; le mont-de-piété refuse le prêt, l’homme plaint de la dureté des prêteurs, ameute la foule, que la vue du sang excite, une bagarre est imminente, où le mont-de-piété risque d’être pillé. L’auteur d’un pareil désordre doit être châtié, toute la corporation soutient celui chez qui le fait s’est passé, et verse cent taëls[1] pour les frais du procès. La corporation prend aussi en main les intérêts lésés de plusieurs associés. En 1883, la corporation des marchands de thé de Han-kheou, ayant eu à se plaindre des exigences de certaines maisons étrangères, relativement à une bonification sur les poids, leur demanda de designer un arbitre étranger qui serait chargé de surveiller les pesées ; malgré l’évidente bonne foi de la corporation et la modération de sa requête, les étrangers refusèrent. Toutes

  1. Au change actuel, moins de 100 francs.