Page:Courant - La vie politique en Extrême-Orient, 1903.pdf/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
834
ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

était opérée. Le 8 avril dernier, la seconde section qui comprend la ville de Nieou-tchoang, n’était pas évacuée : de là, clameurs des Anglais, Américains et Japonais qui commercent dans ce port, échange de notes diplomatiques. Les Japonais ne peuvent voir sans amertume les Russes installés à leur place dans les territoires obtenue à Simonoséki (1895) ; le gouvernement, plus calme que les journaux, demande des explications, peut-être pour se faire payer autre part son désistement. Les Anglais, non sans mauvaise humeur, reconnaissent combien par le chemin de fer et les colons est déjà profonde la prise des Russes sur la Mantchourie. Plus pratiques, les États-Unis se bornent à défendre leurs intérêts commerciaux importants dans le pays. Cependant l’oukaze du 12 août[1], a créé la lieutenance générale de l’Extrême-Orient et l’a confiée à l’amiral Alexiéiev investi des pouvoirs d’un vice-roi sur les territoires de l’Amour et du Koan-tong (Mantchourie méridionale), aussi bien que de la surveillance des districts traversés par le transmantchourien. Depuis quelques semaines on parle de préparatifs militaires japonais, de conversations fiévreuses entre Tôkyô et Saint-Pétersbourg au sujet de la Corée. L’occasion est l’échéance du 8 octobre. La Russie s’était engagée à évacuer une seconde section de la Mantchourie à cette date ; bien loin de là, elle a réoccupé Moukden, en se prévalant de son droit de police. Tout le monde sait que les Russes sont en Mantchourie pour y rester, c’est la Corée qui servira à régler le différend.

Mongolie, Turkestan, Tibet. — Depuis plusieurs mois on parle d’une voie ferrée de Péking à Kalgan ; elle serait construite par une société chinoise que l’on dit soutenue par la Russie ; traversant une région de pâturages et privée de débouchés direct sur la mer, elle serait peu productive, mais elle ne manquerait pas d’intérêt politique. On a récemment discuté en Russie un plan de prolongation des chemins de fer du Turkestan russe (Andidjan) jusqu’à la province chinoise du Kan-sou.

Au printemps dernier un bureau mixte pour le règlement des litiges commerciaux entre Russes et Chinois été ouvert à Ouliasouthai. On n’ignore pas que par les traités de Thien-tsin (1/13 janvier 1858), de Péking (2/14 novembre 1860), par la convention additionnelle du 15/27 avril 1869, par la convention pour la rétrocession de Kouldja (12/24 février 1881), un régime commercial à part a été établi au profit des Russes en Mongolie et au Turkestan (zone de neutralité douanière, liberté du commerce en Mongolie, consuls russes à Sou-tcheou (Kan-sou), Tourfan, Kobdo, Ouliasouthai, etc.,

  1. Voir Bulletin du Comité de l’Asie française, 1903, p. 323.