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LA VIE POLITIQUE EN EXTRÊME-ORIENT (1902-1903).

droit pour ces consuls de circuler partout et faire des enquêtes, etc.).

Au mois de juillet, on annonçait que la Banque russo-chinoise venait de consentir sans intérêt un prêt de deux millions de taëls au gouverneur du Sin-kiang (Turkestan chinois) pour faire face à la réorganisation de son armée. En considération de ce prêt les autorités de la province se sont engagées à recourir aux Russes seuls pour aider et diriger les Chinois dans l’exploitation des mines et le défrichement des terres cultivables abandonnées.

Depuis plusieurs années on a diverses fois annoncé que des rapports s’étaient établis entre Saint-Pétersbourg et Lhassa : éclairé par le désastre chinois de 1895, le dalaï-lama aurait accueilli une mission russe, un envoyé tibétain résiderait actuellement à Saint-Pétersbourg ; un traité secret de portée politique aurait été conclu l’an dernier. On a publié récemment le résumé précis d’une convention russo-chinoise relative au Tibet[1], réservant l’exploitation des mines à découvrir aux Russes seuls après entente avec le gouvernement chinois.

Si parmi ces faits et d’autres analogues tous ne sont pas exacts, les tendances politiques sont assez concordantes pour que l’on puisse sans témérité conclure à une action continue de la Russie sur toute la frontière du nord de la Chine, depuis la Mantchourie jusqu’au Tibet.

Questions intérieures. Monnaies. — Une des questions qui ont attiré l’attention est celle de la monnaie et du monométallisme. Un décret du 22 avril dernier a prescrit la fondation à Péking d’une monnaie qui serait seule chargée de frapper pour tout l’Empire. Le North China Herald a publié le 3 juillet la traduction d’un mémoire sur cette question présenté par Sir Robert Hart, inspecteur général des douanes, au Oai-oou-pou (ministère des affaires étrangères). « La confusion monétaire, les variations quotidiennes du change de l’argent en or, du cuivre en argent offrent les plus grands inconvénients pour le peuple et pour l’État. Pour pouvoir décréter un change constant, il faut d’abord établir une monnaie uniforme, ce qui ne pourra être qu’en fondant un hôtel des monnaies seul chargé de la frappe du cuivre et de l’argent pour toute la Chine. Les commerçants étrangers devant alors payer en monnaie chinoise, auront à se procurer cette monnaie contre de l’or ; la monnaie pourra aussi avoir un représentant chargé de ses opérations d’achat d’or dans les pays étrangers. On se mettra peu à peu en mesure de frapper de l’or. Quant à la question d’une banque nationale, elle est moins

  1. Journal des Débats, juin 1903. Voir Bulletin du Comite de l’Asie française, 1903, p. 394-395.