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la revue de paris

le public, trouve facilement à s’employer : une troupe importante a souvent un ou deux acteurs libres engagés pour un an ; outre les frais de voiture ou de chaise, qui leur sont toujours payés, ils reçoivent une rétribution fixe, jusqu’à 8 ou 10 000 par an à Péking, 20 000 même à Changhaï, m’a-t-on affirmé, alors que les appointements officiels d’un Président de Ministère sont de 180 taëls et 1 800 de riz[1] et que le vice-roi du Kiang-nan, la province la plus riche de Chine, touche 10 800 par an.

Un acteur trop vieux pour paraître en scène gagne encore largement sa vie en enseignant le métier aux jeunes sujets d’une troupe. Celui qui a fait des économies peut devenir maître de troupe : il faut en effet au directeur beaucoup d’expérience pour organiser les représentations et conduire son monde, et il a besoin d’argent pour tous les frais qui lui incombent. Les décors, nous le verrons plus loin, ne grèvent pas sensiblement son budget, mais les costumes sont brillants et coûteux. Surtout, le maître doit entretenir ses acteurs esclaves, payer les acteurs libres et les professeurs, ainsi que les musiciens : or, à Péking, une troupe importante n’a pas moins d’une vingtaine d’acteurs et de six à huit musiciens.

Ceux-ci, dans les grandes villes, sont embauchés chaque jour pour une seule représentation ; ils jouent du tam-tam, de la flûte, du tambour et de quelques instruments à cordes rappelant de loin le violon et la guitare. La partie musicale, bien que continue dans le drame, n’offre pas de difficultés comparables à celles de notre musique ; les formules y sont beaucoup moins variées que dans la vieille musique chinoise, et les exécutants, incapables presque toujours de lire un air noté, accompagnent par routine, après avoir été pendant trois, quatre ou cinq ans apprentis chez un maître musicien, qui leur montre le doigté des instruments, puis les recommande et les place. — En retour de ces soins,

  1. En prenant pour le riz la moyenne de 4 piastres 50 les cent livres chinoises, on trouve que de ce chef le président de ministère reçoit l’équivalent de 3 572 fr. 25. Mais il ne faut pas oublier les profits extralégaux de tous les hauts mandarins.