Page:Courant - Répertoire historique de l'administration coréenne.djvu/5

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lettrés nobles, héritiers de l’ancienne noblesse et dont l’opposition a plus d’une fois triomphé de la royauté. Les privilèges des nobles sont encore énormes : un noble est un être d’essence supérieure, qui ne peut sans déroger exercer aucun métier, qui a tout pouvoir sur le peuple et qui abuse de ses droits. L’existence de cette classe a encore eu, indirectement, un effet fâcheux sur la formation de la société coréenne : les plus élevés parmi le peuple, se sentant méprisés, ont voulu avoir quelqu’un à mépriser, et ceux-là ont méprisé ceux qui étaient au-dessous : si bien que la Corée donne le spectacle d’une hiérarchie de castes, séparées par des barrières à peu près infranchissables et dont chacune ne songe qu’à user de servilités envers les supérieurs et de tyrannie envers les inférieurs. Sûr de ne pas conserver le fruit de son travail, parqué dans des corporations sans nombre, enchaîné par des lois somptuaires minutieuses, l’homme du peuple n’a, à proprement parler, ni industrie ni commerce, il vit surtout de paresse : et on peut le voir du matin au soir accroupi devant sa porte, fumant sa longue pie de bambou et causant avec ses voisins. Les habitants des deux provinces de P’yŏngan [Hpyeng an] et de Kyŏngsang [Kyeng sang] qui correspondent aux anciens royaumes de Koguryŏ [Ko kou rye] et de Silla [Sin ra] sont plus actifs et plus industrieux : cette différence de caractère et quelques coutumes spéciales qui existent encore, indiquent peut-être une origine ethnographique différente, à laquelle l’histoire ne contredirait pas.

Enfin la situation de la Corée entre la Chine et la Japon a été funeste au libre développement du génie de la race : l’histoire de la péninsule est celle d’une longue guerre et pour ne remonter que jusqu’au VIIe siècle, le pays a été depuis lors ravagé, soumis, bouleversé par les Tang [T’ang], par les Mongols, par les Japonais, et par les Mantchous : les Rois, pour détourner les orages, se sont faits petits, ont fait passer leur contrée pour pauvre et ont interdit tous rapports avec les étrangers. Il y a quinze ans seulement qu’une politique nouvelle a été adoptée.

Les considérations qui précèdent, m’ont imposé le plan que j’ai suivi : l’étude de la société coréenne remplit les chapitres XIV à XXII,