Page:Courant - Répertoire historique de l'administration coréenne.djvu/4

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III

artiste d’instinct, le Coréen a un profond sentiment de la couleur, de la ligne ornementale, de la perspective même, comme on le peut voir dans ses dessins, ses broderies, ses motifs de plafonds, ses ferrures pour meubles, ses vases de laiton : il est passionné, violent, tout soumis à son idée ; mais son idée ne dure qu’un temps fort court, la volonté lui manque pour la tenir et un autre caprice le remplace bientôt ; aussi, pour tout ce qui demande préparation et continuité d’action, est-il de beaucoup inférieur aux peuples voisins ; sa violence est brève et d’habitude, il est facile à conduire. Il aime les idées plus que les actes, et les paroles plus que les idées ; très capable de spéculation philosophique, il s’est presque toujours égaré dans les discussions de mots ; mais souvent il s’est épris de ses mots ou de ses théories et leur a sacrifié sa position, sa liberté, sa vie : le confucianisme a eu des sectes en Corée, des persécutions et des martyrs.

Si par caractère le Coréen n’est pas bien armé pour la vie pratique, les circonstances aussi lui ont été fort contraires : le sol est trop montagneux pour être riche ; l’homme est sobre, est faible devant les éléments destructeurs : il travaille peu. Le pays est coupé en une multitude de petites vallées qui communiquent difficilement ; les fleuves torrentueux ne servent pas de route, mais séparent les riverains ; l’état naturel de la Corée, c’est, semble t-il, d’être divisé en principautés ou en tribus et il en a été longtemps ainsi ; les annales, jusqu’au VIIIe siècle sont remplies des luttes de ces petits États. Le commerce a donc été presque impossible, et est encore très difficile. Si loin que l’on remonte dans l’histoire coréenne, on trouve une noblesse : territoriale, féodale, pourrait on dire, dans le pays de Silla [Sin ra], où le Roi n’était d’abord que le premier des chefs de tribus, elle a lentement changé de caractère : Le pouvoir royal a peu à peu maîtrisé ceux qui l’avaient mis à leur tête, et s’est appuyé pour cette œuvre sur les idées confucianistes : mais, encore sous la dynastie de Koryŏ [Korye], les résistances ont été vives et ont pris la forme d’empiétement des mandarins, surtout des mandarins militaires, sur l’autorité du Roi ; d’ailleurs les idées chinoises d’absolutisme portent avec elles leur correctif, et ces mêmes principes confucianistes ont, principalement depuis cinq cents ans, constitué une classe de