Page:Courant - Sommaire et historique des cultes coréens, 1899.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
25
SOMMAIRE ET HISTORIQUE DES CULTES CORÉENS.

très vivace dans le peuple, qui ne s’est jamais associé à aucun des cultes d’origine chinoise dont j’ai parlé plus haut. Il n’est guère de montagne sainte où l’on ne trouve quelque sanctuaire consacré à un génie du lieu on à un Bouddha qui en remplit l’office ; à chaque passage important ou difficile, on aperçoit un arbre sacré[1] au pied duquel chaque passant dépose un caillou ; d’autres voyageurs lient aux branches une bande arrachée à leur vêtement ; les dévots présentent du riz. Des offrandes analogues sont faites aux gués, aux tourbillons des fleuves. Les grands arbres, les mi-ryek, 關勒, statues gigantesques, peut-être d’origine bouddhique, que l’on rencontre en assez grand nombre, les poteaux peints en rouge et dont le sommet figure grossièrement une tête humaine, sont l’objet d’une dévotion semblable. Le peuple croit aussi aux génies des maladies, par exemple de la variole et du choléra, et il tâche de les apaiser. Toutes les classes admettent les influences astrologiques, revêtant une forme plus ou moins chinoise suivant le degré d’instruction de celui qui les interprète ; dans les formules et les cérémonies de cet art, on retrouve presque toujours les caractères cycliques chinois et les prédictions basées sur le Yi kiny, 易經[2]. De même la sorcellerie, très en vogue pour connaître l’avenir par les caractères qu’un pinceau suspendu trace sous la direction des esprits, très usitée pour exorciser les maladies, est pénétrée de procédés et de rites chinois ; elle est exercée surtout par des aveugles et par des femmes, mou-tang, 巫黨 ; une sorcière qui se donnait pour fille du dieu de la guerre, exerçait, il y a quelques années, au Palais une influence considérable.

Telles sont pratiquement les croyances du peuple, resté étranger d’une part au culte officiel réservé au roi et à ses représentants,

  1. 15
  2. 16