Page:Courier Longus 1825.djvu/148

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bientôt alloit voir son maître, dont à peine il avoit ouï le nom avant cette heure-là. Elle s’inquiétoit aussi comment il parleroit à ce maître, et étoit en grand émoi touchant leur mariage, ayant peur qu’il ne s’en allât comme un songe en fumée ; tellement que pour ces pensers, leurs ordinaires baisers étoient mêlés de crainte et leurs embrassements soucieux, où ils demeuroient long-temps serrés dans les bras l’un de l’autre ; et sembloit que déja ce maître fût venu et que de quelque part il les eût pu voir. Comme ils étoient en cette peine, encore leur survint-il un trouble nouveau.

Il y avoit là auprès un bouvier nommé Lampis, de naturel malin et hardi, qui pourchassoit aussi avoir Chloé en mariage, et à Lamon avoit fait pour cela plusieurs présents, lequel ayant senti le vent que Daphnis la devoit épouser, pourvu que le maître en fût content, chercha les moyens de faire que ce maître fût courroucé à eux, et sachant qu’il prenoit sur-tout grand plaisir à son jar-