Page:Courier Longus 1825.djvu/149

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din, délibéra de le gâter et diffamer tant qu’il pourroit. Or s’il se fût mis à couper les arbres, on l’eût pu entendre et surprendre ; il pensa donc de plutôt faire le gât dans les fleurs. Si attendit la nuit, et passant par-dessus la petite muraille, s’en va les arracher, rompre, froisser, fouler toutes comme un sanglier, puis sans bruit se retire ; âme ne l’aperçut.

Lamon, le jour venu, entrant au jardin, comme de coutume, pour donner aux fleurs l’eau de la fontaine, quand il vit toute la place si outrageusement vilenée qu’un ennemi en guerre ouverte, venu pour tout saccager, n’y eût sçu pis faire, lors il déchira sa jaquette, s’écriant, « ô Dieux ! » si fort que Myrtale laissant ce qu’elle avoit en main, s’en courut vers lui, et Daphnis qui déja chassoit ses bêtes aux champs, s’en recourut aussi au logis, et voyant ce grand désarroi, se prirent tous à crier, et en criant à larmoyer ; mais vaines étoient toutes leurs plaintes.