Page:Courier Longus 1825.djvu/40

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en leur esquif et mettre les mains aux rames, quand Chloé vint qui apportoit une flûte neuve à Daphnis. Mais voyant çà et là les chèvres dispersées, et entendant sa voix, qui l’appeloit toujours de plus fort en plus fort, elle jette la flûte, laisse-là son troupeau, et s’en va courant vers Dorcon, pour le faire venir au secours. Elle le trouva étendu par terre, tout taillé de grands coups d’épée que lui avoient donnés les brigands, et à peine respirant encore, tant il avoit perdu de sang ; mais lorsqu’il entrevit Chloé, le souvenir de son amour le ranimant quelque peu : « Chloé, ma mie, lui dit-il, je m’en vas tout-à-l’heure mourir. J’ai voulu défendre mes bœufs, ces méchants larrons de corsaires m’ont navré comme tu vois. Mais toi, Chloé, sauve Daphnis ; venge-moi ; fais-les périr. J’ai accoutumé mes vaches à suivre le son de ma flûte, et de si loin qu’elles soient, venir à moi dès qu’elles en entendent l’appel. Prends-la, va au