Page:Courier Longus 1825.djvu/53

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Par quoi me trouvant bientôt las, comme vieux et ancien que je suis, et m’appuyant sur mon bâton, en prenant garde qu’il ne s’enfuît, je lui ai demandé à qui il étoit de nos voisins, et à quelle occasion il venoit ainsi cueillir les fruits du jardin d’autrui. Il ne m’a rien répondu, mais s’approchant de moi, s’est pris à me sourire fort délicatement, en me jetant des grains de myrte, ce qui m’a, ne sais comment, amolli et attendri le cœur, de sorte que je n’ai plus su me courroucer à lui. Si l’ai prié de s’en venir à moi sans rien craindre, jurant par mes myrtes que je le laisserois aller quand il voudroit, avec des pommes et des grenades que je lui donnerois, et lui souffrirois prendre des fruits de mes arbres, et cueillir de mes fleurs autant comme il voudroit, pourvu qu’il me donnât un baiser seulement.

« Et adonc se prenant à rire avec une chère gaie, et bonne et gentille grace,