Page:Courier Longus 1825.djvu/54

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m’a jeté une voix si aimable et si douce, que ni l’arondelle, ni le rossignol, ni le cygne, fût-il aussi vieux comme je suis, n’en sauroit jeter de pareille, disant : « Quant à moi, Philétas, ce ne me seroit point de peine de te baiser ; car j’aime plus être baisé que tu ne desires toi retourner en ta jeunesse : mais garde que ce que tu me demandes ne soit un don mal séant et peu convenable à ton âge, pource que ta vieillesse ne t’exemptera point de me vouloir poursuivre, quand tu m’auras une fois baisé ; et n’y a aigle ni faucon, ni autre oiseau de proie, tant ait-il l’aile vite et légère, qui me pût atteindre. Je ne suis point enfant, combien que j’en aie l’apparence ; mais suis plus ancien que Saturne, plus ancien même que tout le temps. Je te connois dès-lors qu’étant en la fleur de ton âge, tu gardois en ce prochain pâtis un si beau et gras troupeau de vaches, et étois près de toi quand tu jouois de la flûte