Page:Courier Longus 1825.djvu/93

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Ayant ainsi le troisième vieillard bien et gentiment fait son devoir de danser, à la fin alla baiser Daphnis et Chloé, lesquels incontinent se levèrent et dansèrent le conte de Lamon. Daphnis contrefaisoit le Dieu Pan, Chloé la belle Syringe ; il lui faisoit sa requête, et elle s’en rioit ; elle s’enfuyoit, lui la poursuivoit, courant sur le bout des orteils pour mieux contrefaire les pieds de bouc ; elle feignoit d’être lasse et de ne pouvoir plus courir, et au lieu des roseaux s’alloit cacher dans le bois.

Et Daphnis alors prenant la grande flûte de Philétas, en tira d’abord un son douloureux, comme Pan qui se fût plaint de la jouvencelle ; puis un son passionné, comme la priant d’amour ; puis un son de rappel, comme cherchant par-tout ce qu’elle étoit devenue. Si que le bon homme lui-même Philétas tout émerveillé accourut le baiser, et après l’avoir baisé lui fit présent de sa flûte, en priant aux Dieux que Daphnis la laissât un jour à pareil successeur que lui.