Page:Cournot - Essai sur les fondements de nos connaissances.djvu/89

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d’une connaissance, naturelle ou surnaturelle, des causes qui devaient amener l’événement ; 3° la prédiction et l’événement ont réagi l’un sur l’autre, soit que le récit de la prédiction ait été ajusté après coup sur l’événement, ou le récit de l’événement sur la prédiction, soit que la connaissance de la prédiction ait déterminé l’événement, comme lorsque des troupes perdent courage et se laissent battre, frappées qu’elles sont d’un oracle qui a prédit leur défaite.

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Parlons d’abord de l’explication qui se rattache à l’influence des réactions mutuelles ; ce qui nous obligera de revenir sur ce qu’on entend en philosophie naturelle par état initial et par état final, et d’indiquer sur des exemples comment l’ordre et la régularité tendent à s’introduire dans le passage de l’état initial à l’état final. Que l’on imagine un corps de forme régulière, tel qu’une sphère, qui a été primitivement échauffé en ses divers points d’une manière inégale, et sans que les variations de température d’un point à l’autre suivent aucune loi régulière : si le corps est ensuite placé dans un milieu dont la température uniforme et constante se trouve de beaucoup inférieure à la moyenne des températures données dans l’origine aux diverses particules du corps, il perdra graduellement de la chaleur ; sa température moyenne s’abaissera, en tendant à se rapprocher de celle du milieu ambiant ; mais en même temps la distribution de la chaleur dans l’intérieur du corps tendra à se régulariser. Les particules centrales, lors même qu’elles auraient été primitivement moins échauffées que les autres, prendront une température plus élevée que celle des particules voisines de la surface ; parce que, d’une part, celles-ci leur auront communiqué une partie de l’excès de leur chaleur initiale, et que d’autre part les particules centrales se trouvent plus éloignées des points par où le corps, pris dans son ensemble, émet de la chaleur au dehors aux dépens de sa température moyenne. Au bout d’un temps suffisant, la température de la couche superficielle sera sensiblement la même que celle du milieu ambiant ; et, de la surface au centre, la température ira en croissant, de manière qu’on puisse partager la masse du corps en couches sphériques et concentriques, dont toutes les particules, pour chaque couche, jouissent d’une température uniforme. Ainsi, la distribution de la chaleur se fera d’après