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PREMIÈRE SECTION.

sous forme de vapeur, le charbon en passant à l’état de gaz acide carbonique par sa combinaison avec l’oxygène de l’air : de sorte que, si l’on s’en tient à une observation grossière, on pourra croire que la matière du bois a été anéantie, qu’il n’en reste rien, et que le phénomène de la combustion a entraîné une déperdition de matière ou de substance.

Telle n’est pourtant pas l’idée que la science nous donne. Au contraire elle met hors de doute ce fait capital, qu’à travers toutes les métamorphoses, et pourvu qu-’on recueille soigneusement tous les produits solides, liquides ou gazeux, il ne se fait jamais la moindre déperdition, non plus que la moindre augmentation de matière ou de substance. Si Ton opère sur un kilogramme de bois, il faudra que ce kilogramme se retrouve sous forme de cendres, de vapeur d^eau, d’acide carbonique, en tenant compte de tous les produits-obtenus et en les suivant dans toutes leurs transformations, dans^toutes leurs associations avec des corps étrangers. Ce qui reste indépendant de la forme et de tous les caractères qui tombent sous nos sens, ce qui ne varie jamais, ce qui constitue là matière, Tétoffe ou la substance des corps, nous est donc accusé par la balance, pourvu.qu’elle ait une grande précision et que la pesée se fasse avec tout le soin possible, en ne négligeant rien pour se mettre à Tabri de toutes les chances d’erreur.

Arrêtons-nous un instant sur ce point capital. Bien avant que les physiciens ne fussent en mesure de donner la preuve expérimentale du fait qu’on vient d’énoncei, les philosophes avaient discouru sur Tidée de substance, les grammairiens dislinguaien t des substantifs