Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/117

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C’était Camille qui allongeait la tête dans l’entre-bâillement.

— Viens seulement, dit la vieille dame ? Non, non, tu ne déranges pas du tout… Et, puis, tu comprends que nous n’avons guère envie de dormir…

La jeune fille entra vivement. Son visage, encadré d’une splendide chevelure fauve à moitié dénouée, rayonnait par dessus la robe de deuil…

— Il dort si bien, dit-elle en souriant. Je suis sûre qu’il ne s’éveillera pas avant six heures… Le pauvre petit ! Il doit se rattraper vous pensez !

Elle n’avait jamais été aussi verbeuse et parlait avec volubilité, contant en ses moindres détails la journée de l’enfant :

— Oui, depuis ce matin, je voyais qu’il n’était pas comme les autres jours… Lui, qui est toujours si facile, et bien il geignait à chaque instant, ne restait pas tranquille une seconde. Et avec cela, impossible de lui faire prendre son biberon. Oh ! que j’étais inquiète !

— Oui, Fille, repartit le vieillard d’un ton de reproche, nous comprenons que tu étais tourmentée ; mais de là à te manger les sangs ! Nous aussi, nous aimons beaucoup ce petit « frise poulet » et nous étions bien tristes en apprenant qu’il était peut-être en danger. Mais était-ce un motif pour perdre la tête comme tu l’as fait, surtout quand le souvenir d’un grand malheur… Vraiment, tu n’aurais pas été plus affolée si ce petit avait été ton propre fils…