Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/133

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En ce moment, trois coups secs résonnèrent sur la porte du volet-rideau. Effrayé, le jeune homme s’était vivement rapproché du comptoir.

— Oui, cachez-vous seulement, dit-elle d’un ton de pitié. Ce sont peut-être les boches qui viennent vous chercher. Ça vous apprendra !

En même temps, d’un pas résolu, elle se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit sans défiance.

Un étrange individu surgit dans la triperie.

— Bonsoir, mademoiselle !

C’était une sorte de chemineau, misérablement vêtu, qui marchait courbé et clochant sur un pied bot. Son visage bruni, émacié, était entouré d’un collier de barbe sombre, hirsute. Sous son large front ombragé de cheveux grisonnants, un seul œil étincelait, le droit, tandis que le gauche demeurait invisible sous les paupières fermées et comme aspirées du dedans. Embossé dans une cape flottante et rapiécée que soulevait le bras armé d’un bâton, le visiteur, auquel il eût été difficile d’assigner un âge exact, ressemblait à un gueux de Callot.

Il aperçut tout à coup le fils du pâtissier :

— Oh ! excusez, mademoiselle, je vous dérange sans doute ?

— Mais pas le moins du monde, protesta vivement la jeune fille encore frémissante, je mettais justement monsieur à la porte…

— Oui, balbutia le jeune homme, je partais.

— Non, non, rectifia énergiquement Mlle Vergust, je vous flanquais dehors !

Tout pantois, le jeune comédien lui adressa