nier. Il faut suivre des chemins que peu de gens connaissent. Un guide est nécessaire…
Il toisa le jeune homme d’un air moins dur et, satisfait sans doute de son examen :
— Êtes-vous bien décidé ? dit-il en dardant sur lui son œil fulgurant. Vous ne jouez pas la comédie ?
— Oh, Monsieur, épargnez-moi !
— Allons, c’est bien… Trouvez-vous ce soir à dix heures au Lion Belge, rue Saint-Géry. Et ne vous étonnez pas si je vous apparaissais sous un autre costume. Nous causerons. C’est moi qui vous ferai passer…
— Vous ?
— Moi-même.
Le jeune homme le regardait avec une stupéfaction profonde. Il ne put s’empêcher de répéter la question qu’il avait déjà posée tout à l’heure :
— Mais qui êtes-vous donc ?
Le gueux eut un mouvement d’épaules :
— Vous êtes bien curieux. Vous voulez le savoir ? Et bien moi aussi, je joue un rôle dans ce drame gigantesque qui bouleverse le monde. Je suis un acteur, mais un vrai !
Le fils Lavaert ne put réprimer un frisson qui fit sourire le chemineau.
— Allons, n’ayez donc pas peur, reprit celui-ci d’une voix plus calme. Soyez discret surtout et fiez-vous à moi.
Il le congédia :
— À ce soir !
Alors, le jeune artiste prit son feutre mou posé