Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/151

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gneux de sa personne. Encore fallait-il pour cela qu’une provinciale tombée du ciel ne vînt pas se jeter en travers de ses espérances. C’est pourquoi, elle avait renoué avec les De Bouck un commerce aimable pour se faire bien venir et s’assurer en même temps de leurs véritables sentiments à l’égard de l’étrangère. Mais Mme De Bouck, qui n’était pas dupe au point de se méprendre sur la cause de ce faux empressement, apaisa tout de suite la curiosité dangereuse de sa voisine en lui répétant à chaque visite que Mlle L’Hœst avait juré de rester fidèle au souvenir de son fiancé et de retourner un jour au couvent pour n’en plus sortir jamais. C’était une décision irrévocable. Puis elle parlait de son fils et transmettait ses bons souvenirs, laissant entendre que, dès son retour, le jeune homme ne manquerait pas d’épouser une demoiselle de son entourage à laquelle il ne fût pas antipathique et dont les talents le délasseraient des fatigues de sa profession…

Et Hortense Buellings s’abandonnait à ce patelinage, ne doutant pas que la charbonnière ne lui fît des avances discrètes. Aussi, le portrait du soldat en uniforme kaki, qu’elle avait l’occasion de voir dans le salon des De Bouck, l’inspirait-elle à tel point que, rentrée chez elle, la méchante « pecque » se dévêtait en Lakmé pour vocaliser à tue-tête devant son armoire à glace, jusqu’à ce qu’elle s’abattît, toute frissonnante de désir, dans les bras d’un invisible Gérald…

À présent, elle faisait bon mépris de toutes ses rivales et passait fièrement devant la triperie