Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/152

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Vergust pour échanger un regard de défi avec Mlle|Emma qui n’y prenait pas garde :

— Oui, elle fait semblant de rien, celle-là, disait-elle à ses parents, mais ça n’empêche que son beau Louis en avait assez et l’a plantée là !



Car c’était vrai que le comédien Lavaert avait disparu depuis tantôt un mois, sans qu’on sût par quelle coulisse ni quelle trappe.

Le pâtissier stupéfait, et qui tremblait d’être mandé à la kommandantur, accusait son fils de la plus noire ingratitude. Mais ses lamentations ne trouvaient aucun écho sympathique dans le quartier qui approuvait généralement le jeune homme et considérait sa fuite comme une réhabilitation. L’insolent damoiseau avait enfin laissé sa vie coquette, sa douce paresse, ses plaisirs amoureux et les tartelettes de son père. Le souffle héroïque l’avait visité. Il était parti pour faire son devoir. Que sa conduite servît d’exemple à ses lâches compagnons et purgeât les rues de cette jeunesse musclée et couarde qui flânait sans vergogne dans la ville !

L’événement défraya longtemps les conversations au Château d’Or, où le pâtissier avait reparu après quelques jours de découragement et d’anxiété. Comme le beau Louis était plus que majeur, on ne pouvait sérieusement incriminer son père de l’avoir laissé partir ; au surplus, celui-ci n’était pas suspect de s’être jamais mon-