Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/174

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— Merci, Monsieur, murmura-t-elle, j’ai monté un peu vite… Cela va passer… Mais elle ne parvenait pas encore à réagir. Quant au soldat, il n’osait lui proposer son aide soit qu’il craignît de la froisser par un attouchement, soit qu’il éprouvât une certaine timidité devant une si belle personne. À tout hasard, il posa une main sur la rampe afin que la jeune femme se retint à son bras en cas de défaillance. Cette main n’avait rien de celle d’un tâcheron : elle était au contraire d’une élégance nerveuse, ornée à l’annulaire d’une jolie bague d’or de forme ancienne. Ce bijou d’une simplicité artistique, frappa l’attention de Camille. La douce lueur qu’il dégageait dans l’ombre de l’escalier parut soudain la remettre :

— Montons, dit-elle.

Et, suivie du jeune homme, elle se mit à gravir les dernières marches qui aboutissaient au second étage. Une grande armoire de vieux style, adossée au mur, occupait une partie du palier. La jeune fille en ouvrit les portes :

— Voyez, il n’y a que du linge…

— Je vois. Vous pouvez refermer…

Le soldat demeura un instant :

— C’est un beau meuble, dit-il timidement, qui me rappelle un bahut de chez nous…

Cependant Camille avait ouvert l’une des deux portes donnant sur le palier :

— Voici ma chambre, dit-elle d’une voix qui perdait de nouveau de son assurance : entrez, je vous prie…

L’homme fit un pas dans la pièce qu’il par-