Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/173

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— Ne vous dérangez pas, je vous prie, dit le soldat en ôtant son calot qu’il garda à la main. Excusez-moi, je ne serai pas long…

Il parcourut rapidement la salle à manger dont les beaux meubles parurent l’intéresser un instant, entra dans la chambre à coucher et revint aussitôt :

— J’ai fini au premier étage, dit-il en s’inclinant devant les vieux quincailliers que la surprise restait muets. Pardonnez-moi, mais je dois faire mon devoir…

Et se tournant vers Camille :

— Mademoiselle veut-elle me conduire au second ?

La contenance de la jeune femme ne semblait plus aussi ferme. Son visage s’était altéré. Très pâle, elle hésita un instant à répondre, interrogeant des yeux ses parents dont la tête venait de se courber comme sous une soudaine tristesse. Mais avant que le soldat eût pu s’étonner, elle se dirigeait vers la porte :

— Je vous précède. Monsieur…

Et l’Allemand, après un profond salut aux deux vieillards, sortit derrière elle. Camille avait gravi la première volée de l’escalier quand elle s’arrêta comme oppressée et dut s’appuyer à la rampe. Déjà le soldat l’avait rejointe sur l’étroit palier. Il vit qu’elle éprouvait un grand malaise :

— Je vous en prie, Mademoiselle, ne vous gênez pas pour moi, reposez-vous le temps qu’il faudra. Rien ne presse.