Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/186

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— Mais, dit-elle…

Le soldat prévint sa question :

— Pourquoi j’ai pensé à vous, Mademoiselle ? Parce que l’on m’a dit que ce chien ne vous était peut-être pas inconnu…

Le visage de la jeune fille, éclairé par la lumière qui pénétrait dans la pièce par l’imposte vitrée de la porte, exprima le plus vif étonnement :

— Oui, fit l’officier après une pause, on m’a conté là-bas que ce chien s’était un jour enfui de Bruxelles pour rejoindre les troupes, on ne sait comment. Les brancardiers l’utilisaient à la recherche des blessés… Il appartient, paraît-il, à de braves négociants de ce quartier, aux Claes si j’ai bien retenu le nom…

Cependant Martha s’était laissé tomber à genoux et penchée sur l’animal inerte, elle lui soulevait la tête :

— Tom ! s’écria-t-elle éperdue. C’est Tom, notre bon Tom !

Réveillé de sa torpeur, le pauvre animal poussa un faible gémissement sous les douces caresses qu’on lui prodiguait :

— Est-ce que tu me reconnais ? Regarde, c’est moi, Martha ! Oui, oui, il m’a reconnue !

Tout à coup, elle se redressa et avisant une cuvette sur le lavabo elle la remplit d’eau :

— Bois, mon bon chien !

Et tendrement, elle l’aidait à se désaltérer, tandis que l’homme demeurait effacé dans la pénombre, sans qu’il fût possible de distinguer ses