Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/206

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une bonne provision en lieu sûr ! c’était la fortune ou tout au moins une jolie dot pour Mlle Hortense…

Buellings n’avait peut-être jamais autant haï ce chanceux et insolent marchand de tripaille dont les avis, sous couleur d’amitié, torturaient son âme tendue vers le gain. Il vouait le gros homme aux pires malheurs, rêvant qu’un subit désastre le ruinait sans lui laisser aucun espoir de se refaire…

Comme s’il eût deviné les bons souhaits de son compère, le tripier lui dit un soir, en le reconduisant jusqu’à sa porte, qu’il était très fatigué et se proposait de remettre ses affaires au plus offrant. En prévision de sa retraite, il venait d’acquérir à bon compte une grande maison où il lui tardait de s’installer avec sa femme et sa fille qui, elles aussi, avaient assez travaillé pour se donner maintenant un peu d’aise et vivre comme des dames…

— Et où est-ce qu’elle est située, votre maison ? demanda Buellings tandis qu’un frisson d’envie faisait le tour de son être. Dans quel faubourg ?

— Non, non, dans un quartier d’avenir, repartit le tripier, dans le grand Bruxelles, comme ils disent.

Et profitant de la clarté d’un réverbère pour jouir de la figure médusée de son compagnon :

— Mon hôtel est situé Avenue de Tervueren.

Son hôtel ? Buellings avait mal entendu sans doute. Son visage passait alternativement du jaune au vert. Il eut un sourire convulsif :