Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par ces hommes en délire et sommés de rendre leurs armes. Aucune résistance possible : ils devaient obéir. Ceci n’était du reste que le prélude d’une manifestation de rancune encore plus insultante et cruelle. Des escouades s’étaient reformées qui acculèrent les chefs aux façades du Palais pour arracher leurs insignes hiérarchiques, les parements, les épaulettes, les croix de guerre… Supplice atroce, qui verdissait la face de ces odieux martyrs.

Certes, Lust ne songeait pas à s’apitoyer sur leur sort ; n’empêche qu’il en avait assez vu. Rassasié de revanche, il se dégagea de la foule pour gagner le boulevard du Régent où la circulation devenait plus facile.

Or, comme il traversait la voie asphaltée, un chien bondit au-devant de lui avec des aboiements de joie.

— Tom ! s’exclama le contremaître ; mais d’où sors-tu mon brave ? Comment es-tu venu jusqu’ici ?

En même temps, il s’entendit héler :

— Monsieur Lust ! Monsieur Lust !

Et c’était Bernard qui accourait en clopinant, le visage empourpré de fièvre, tout ruisselant de sueur, les yeux exorbités par une exaltation voisine de la démence.

— Oh ! mon garçon, fit le contremaître avec sévérité, vous m’aviez pourtant bien promis de… Quelle imprudence !

Mais sans répondre à ce reproche :

— J’ai vu ! J’ai vu leur dégradation ! s’écria l’infirme. Ah ! les scélérats sont maintenant punis