Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/42

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— Mon Dieu, gémit-il enfin… Oh ! non, ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas possible !

De grosses larmes mouillèrent son visage :

— Les pauvres vieux ! Comment leur annoncer…

Il s’était emparé de la main de la jeune fille et, suppliant :

— Voyons, racontez-moi, Mademoiselle… Que dit votre frère ? Avez-vous sa lettre ?

— Non, répondit-elle tristement, mais elle est courte et j’en ai retenu les termes…

James leur apprenait que Prosper, à peine rentré de Gaillon était parti au secours d’un poste avancé sur l’Yser à la tête d’une autre compagnie que la sienne. L’ennemi, extrêmement renforcé et disposant d’une artillerie supérieure, avait décimé les bataillons belges ; une centaine d’hommes environ étaient parvenus à se replier sans même pouvoir ramener les blessés ensevelis dans la boue des fondrières. Hélas, leur chef n’était pas du nombre. Quelques soldats racontaient qu’ils l’avaient vu longtemps combattre au premier rang avant qu’il disparût dans la mêlée. D’autres prétendaient au contraire que le jeune officier était tombé tout de suite d’une balle dans la gorge. En ce moment, le champ de bataille ne formait plus qu’un marécage où il fallait perdre tout espoir de relever les mourants et les morts.

— Mais c’est horrible, s’écria le jeune homme en frissonnant. Oh ! je vois bien que tout est fini…

Il se releva péniblement :

— Et Monsieur De Bouck ? A-t-on de ses nou-