Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/45

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— Confiez-vous à M. Lust, reprit-elle. Il saura préparer sa femme à ce rude choc qui pourrait avoir des conséquences graves dans l’état où elle se trouve… Quand Adélaïde doit-elle revenir ?

— Après-demain soir, si je ne me trompe…

— Qui sait, peut-être recevrons-nous une autre lettre de James d’ici là ?

— Oh ! l’incertitude, quelle chose affreuse !

Rassurée maintenant sur l’état physique du pauvre garçon :

— Allons, Monsieur Bernard, dit-elle en se disposant à prendre congé, je reviendrai peut-être cet après-midi ou demain dans la matinée…

— Oh oui ! faites cela ! dit-il en retenant la main qu’elle lui avait tendue. J’ai si peur de rester seul avec mes pensées…

Elle avait ouvert la porte et se retournait pour adresser un dernier signe d’adieu au jeune homme quand Lust entra, bousculant presque la jeune fille que, dans son élan, il n’avait pas aperçue tout d’abord :

— Oh ! pardon… Comment, c’est vous Mademoiselle Martha !

Il n’était pas dans son humeur ordinaire et semblait farouche, préoccupé, sous son imperméable ruisselant.

— Écoutez, Monsieur Lust, dit le commis après un instant d’hésitation, Mademoiselle vient de recevoir une lettre de son frère. Il y a de mauvaises nouvelles…

— Eh bien, fit le contremaître d’un air bourru, qu’est-ce que vous avez appris ?