Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/68

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sept mois de larmes et de regrets, je trouve que c’est suffisant…

— Un brave jeune homme, ce petit Spreutels, hasarda Théodore ; je comprends que mademoiselle votre fille se remette difficilement…

— Oui, un brave garçon comme vous dites, convint la charbonnière, et qui aurait rendu ma fille très heureuse, j’en suis sûre… Hélas, Charlotte n’est pas seule à souffrir : la mort de M. Claes place Mlle  L’Hœst dans une situation identique. Oui, tout cela est bien dommage. Mais soyons justes : la perte d’un fiancé est une chose moins douloureuse que celle d’un mari… On peut s’en consoler plus aisément…

Ces paroles, si dures, impressionnèrent péniblement Martha dont la pensée se reportait sur l’absent :

— Mais asseyez-vous, Madame, dit-elle en essayant de chasser son attendrissement. Expliquez-nous le but de votre aimable visite… Nous sommes à votre service…

— Oui, appuya le coiffeur qui croyait à quelque démarche de dame patronnesse ; ne vous gênez pas. Les affaires ne vont pas trop mal. Je ne demande pas mieux que d’ouvrir ma petite bourse…

— Oh, mais je ne viens pas en solliciteuse ! s’écria vivement la négociante. Dieu merci, les œuvres d’assistance sont trop nombreuses pour que je doive encore m’en mêler ! Rassurez-vous, il ne s’agit pas du tout de cela…

Et, baissant le ton :