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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/70

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prierais moi-même de me montrer la lettre de M. James… Et voilà pourquoi je suis ici. On doit tout se dire, n’est-ce pas Mademoiselle, entre pauvres parents comme nous ?

Cette femme habituée à commander et qui jouissait chez elle d’une autorité despotique, avait quelque chose de presque suppliant dans la voix. Rien qui ne parût plus simple que de satisfaire à sa demande. Et pourtant, le coiffeur et sa fille gardaient le silence dans une attitude pleine d’embarras. Ils ne savaient que répondre.

— Voyons, poursuivit Mme De Bouck avec inquiétude, il n’y a rien dans la lettre de M. James que l’on doive nous cacher, n’est-ce pas ?… Vous l’avez dit du reste à mon mari : elle ne contient pas davantage que celle de Victor. Alors, pourquoi ne pas me la communiquer ? La tranquillité de mon mari dépend de votre obligeance. Il est comme saint Thomas, vous comprenez…

Le coiffeur avait eu le temps de prendre sur lui :

— Mais je vous répète Mme De Bouck, balbutiait-il, je vous répète que… Enfin, James ne parlait que de M. Prosper. N’est-ce pas, fille, que Mme De Bouck peut nous croire… Et d’ailleurs cette lettre, je ne l’ai plus…

— Oui, déclara vivement la jeune fille, mais avec une nervosité trop mal contenue pour qu’elle ne trahît pas un filial mensonge, cette lettre nous l’avons brûlée.