Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/91

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Emma, disait-elle suppliante, moi aussi je dois l’embrasser…

Et, la tête inclinée sur le poupon, elle le berçait dans ses bras avec une tendresse infinie, pensant au petit que son cher Ernest lui aurait donné…

On bavardait. Mme Claes et Adélaïde ne perdaient pas leur temps et profitaient de l’occasion pour consulter la charcutière sur les approvisionnements de la semaine et les morceaux avantageux, tandis que le quincaillier interrogeait Charlotte :

— Eh bien, fille, on a toujours des bonnes nouvelles de Victor ? Est-ce qu’il est encore en Angleterre ?

Oui, il était pour ainsi dire tout à fait rétabli maintenant et reviendrait bientôt en France ou en Belgique pour occuper un poste d’ambulancier. Cette fois, on était tranquille : il ne serait plus exposé.

— Oh ! M. James a été si gentil pour lui, continua-t-elle tout en faisant sauter le bébé sur ses genoux : il l’a soigné avec un dévouement, n’est-ce pas ? Comme si c’était son propre frère. C’est grâce à lui que Victor a pu se remettre si vite… Mais à présent, il est de nouveau au front, lui… Il est déjà sergent vous savez… Ah ! pourvu qu’il revienne seulement !

— Oh ! oui, soupira le paralytique, qu’ils reviennent tous, les chers amis de notre enfant, et que je vive assez pour leur entendre raconter les grandes choses qu’il a faites…

La blessure de son cœur s’était rouverte et il