Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/92

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courbait la tête, lorsqu’un coup de timbre résonna qui le sortit d’un accablement douloureux.

Adélaïde s’était précipitée à la vitrine pour tâcher d’apercevoir sous le volet à demi baissé, les personnes qui stationnaient devant l’entrée particulière :

— Bon Dieu, dit-elle d’un ton de mauvaise humeur, c’est encore une fois Mme  Buellings et sa demoiselle… Qu’est-ce qu’elles ont maintenant à venir comme ça tous les dimanches ? Est-ce qu’il faut les faire entrer ?

— Mais oui, fit Mme  Claes, après avoir échangé un regard avec son mari ; ça n’est pas une raison parce que Buellings ne vient plus ici qu’on doit leur en vouloir…

Tant de condescendance n’était pas du goût d’Adelaïde : mais elle se résigna et s’en fut ouvrir. Un moment après, la femme du sellier et sa fille, en toilettes voyantes et jupes courtes, entrèrent avec une mine toute confite de mielleuse amabilité, encore que la présence d’Emma Vergust, qu’elles détestaient, leur causât une impression plutôt désagréable.

Furieux d’avoir été mis à la porte du magasin, le sellier avait ruminé d’abord de sinistres projets de vengeance. Mais, les menaces d’Adelaïde lui donnant à réfléchir, son ressentiment s’était calmé peu à peu sous la crainte qu’on ne découvrît un jour les cachettes où il croyait ses richesses introuvables. Enfin, la mort de Prosper avait éteint sa rancune contre le jeune homme et ses parents adoptifs, pour lesquels il affichait à présent une commisération d’autant plus sincère en