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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/18

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

besoin, une fièvre d’élégance qui multipliait les « tailleurs » d’une coupe souvent parfaite, digne des grands faiseurs parisiens.

Sans compter qu’elles n’étaient plus ni si bêtes ni si gourdes, ces petites. On pouvait causer avec elles. Leur charme vivant et rieur, leur blague, en toc comme leurs bijoux, amusait Hippolyte et souvent il se plaisait, au coup de midi, à se promener sur le chemin de leurs ateliers, le cœur en maraude. Mais personne qui n’apportât plus de discrétion que lui en ces petites aventures sentimentales. Aussi bien, il ne s’attachait pas pour longtemps et ses brèves amourettes n’étaient en somme que des dérivatifs au sentiment très tendre, et parfois encore un peu renflammé, qu’il avait pour Thérèse Mosselman, sa dame de cœur, l’élue de sa prime jeunesse.

Certes, il lui arrivait à présent de sourire en se rappelant ses exaltations lycéennes auprès de la jeune femme et les audaces d’enfant gâté dont il l’avait si souvent ennuyée peut-être et certainement embarrassée. Il convenait qu’il avait été un peu ridicule. Mais après cet aveu, il n’en gardait pas moins à la jolie cordière une très vive affection, mêlée d’un je ne sais quoi de passionné et que n’avait attiédi que pour un moment la naissance imprévue d’une nouvelle petite Mosselman.

Ç’avait été son dernier chagrin ou plutôt son dernier dépit amoureux au sujet de Thérèse. Quelle abominable surprise aux vacances de la