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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/17

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Bien qu’Hippolyte travaillât avec grande application, il n’avait rien pourtant du bloqueur hâve et têtu qui ne cesse de ressasser ses cours tout le long de l’année ; il ne s’absorbait pas dans ses livres au point de ne pouvoir donner de bonnes heures à ses amis et à ses goûts littéraires. Il savait s’évader de l’étude pour fréquenter les réunions estudiantines, se distraire à leurs gais propos comme à leurs ardentes petites querelles de politique et d’art.

Son âme était altruiste, pour employer un vilain mot qui évoque une si belle chose. Aussi, dès sa rentrée à Bruxelles, s’était-il enrôlé dans les rangs d’un conservatoire fantaisiste, bataillon de charité qui se dévouait à l’  « Œuvre du Grand Air pour les petits ». D’ordinaire, la jeunesse n’est pas si prompte à s’émouvoir devant l’enfance misérable…

Il pratiquait quelques sports aimables, par hygiène et non par snobisme. Enfin, les grâces délurées des jeunes modistes et des petites couturières ne le laissaient pas du tout insensible. Du reste, il fallait en convenir, jamais ces demoiselles ne s’étaient habillées ni chapeautées avec tant d’aguichante coquetterie. Elles ne voulaient plus être « pauvres » ou du moins le paraître. Les trottins tristes et loqueteux de jadis avaient vécu, remplacés par une génération de petites « entravées » délicieuses dont les prunelles œilladaient effrontément par dessus leurs boas de plume. C’était dans ce monde de l’aiguille ou du ruban toute une évolution surprenante, un