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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/25

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

à l’expérimentation de certaines pilules — occidentales cette fois ! — tant elle redoutait en engraissant chaque jour davantage de refroidir tout à fait le sentiment, déjà si souvent attiédi, de son volage Ferdinand. Quelle défense contre l’obésité ! Œillet par œillet, elle avait disputé la finesse de sa ceinture et vécu dans les supplices. Mais à présent c’était fini. À bout de forces et de mortifications, elle avait désarmé tout à coup, se résignant enfin à relâcher les rubans de son corset, à devenir une petite femme replète et ronde, un peu consolée du reste dans la dérive de sa vénusté par les satisfactions qu’elle accordait maintenant à sa gourmandise et surtout par le sourire bienveillant de son mari :

— Hé, hé, disait-il parfois avec bonne humeur, sais-tu que tu deviens boulotte !

— Tu trouves ? faisait-elle tristement.

Et, la mine anxieuse :

— C’est vilain, n’est-ce pas ?

— Mais non… Je ne déteste pas ça !

Il le lui prouva d’ailleurs si gentiment qu’elle se laissa forcir sans plus y opposer la moindre résistance ; et c’est ainsi qu’un beau soir d’hiver une nouvelle petite fille était apparue dans la corderie…

Il est vrai que de tristes événements avaient suivi cette heureuse naissance. Le père Verhoegen, frappé d’une attaque d’apoplexie, était