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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/266

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

leur bravoure. En vérité, ils ne trompaient personne non plus que cet élégant bureaucrate, un ancien collègue de Dujardin, ne donnait le change en expliquant ainsi sa retraite précipitée :

— Mes sympathies pour la France sont connues… On m’a officieusement prévenu que les autorités allemandes perquisitionneraient chez moi. Aussitôt pris, aussitôt fusillé. Donc, je m’évapore avec mes papiers !

Et Pierre de sourire avec mépris :

— Comprenez-vous ? Il quitte la pauvre ville non par lâcheté mais pour des raisons politiques. Que de gens comme lui auxquels il ne suffit pas d’être poltrons mais qui entendent encore profiter de leur couardise pour se faire valoir !

En attendant, la tourbe d’émigrés grossissait toujours. Tant mieux, c’était un bon débarras. Mais, comme il fallait craindre pour le bon renom belge que tous ces trembleurs n’abusassent de la généreuse hospitalité de l’étranger ! Combien d’entre eux qui, malgré leurs rentes, trouvaient naturel et « confortable » de se laisser héberger gratuitement en de princières demeures, de recevoir mille cadeaux sans qu’il leur vînt même à l’esprit de verser la moindre obole aux œuvres de secours !

— Et puis, vous verrez, déclarait Joseph, c’est eux qui auront souffert, c’est eux qui auront été héroïques !

Dans la revue des « manquants », le cas de Mosselman était réservé. On faisait encore crédit au cordier mais à condition qu’il ne tardât