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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/29

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

À cause de la vague de chaleur qui déferlait depuis quelques jours, la jeune femme avait revêtu, pour être plus à l’aise, un léger peignoir de linon qui découvrait son cou de neige et ses avant-bras potelés. Penchée sur les robes de gosse, elle travaillait avec ses petites manières coquettes et adroites quand le bruit retentissant du timbre de visite lui fit brusquement relever la tête. Elle n’attendait personne : qui donc osait braver l’affreuse chaleur pour la venir voir ? Mais déjà Julie, la nouvelle femme de chambre, entrait dans la pièce :

— Madame, c’est un soldat avec un bouquet !

Thérèse avait déposé son aiguille :

— Un soldat avec un bouquet ? Ce n’est pas possible… Le garçon s’est sans doute trompé de porte.

— Non, non, Madame… Il a dit comme ça : « Est-ce que Mme Mosselman est chez elle ? »

— Tiens ! fit la jeune femme vivement étonnée.

Puis, avec un timide accent de reproche :

— Et vous ne lui avez pas demandé son nom ? Il faut toujours demander le nom…

— Je ne savais pas, répondit humblement Julie, mais j’ai dit : « Donnez seulement votre bouquet, mon ami, je le porterai à Madame… »

— Ah, et qu’est-ce qu’il a répondu ?

— Merci, Mademoiselle — qu’il a fait, car il est bien poli, savez-vous — mais je dois le remettre moi-même. Alors j’ai dit : « Attendez un petit peu, je vais une fois voir… »